Page:Gex - Vieilles gens et vieilles choses (1885).pdf/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 328 —

tout au moins qu’il y en avait trop pour le petit service qu’il avait rendu. Mais l’Anglais y mit de l’insistance ; d’un autre côté, Claude y vit la réalisation de son mariage, et il accepta non seulement pour lui, mais aussi pour son compagnon.

On approchait de Challes et, ainsi qu’il en avait été convenu, le jeune paysan indiqua au postillon le chemin qu’il devait prendre pour arriver devant la baraque des Couter.

De loin, on voyait les villageois sortant des vêpres se disséminer de côté et d’autre pour rentrer à domicile. Claude avait donc l’espoir de trouver de suite sa chère Maurise. Son cœur battait bien fort il se représentait la surprise des Couter et même de tous les habitants en le voyant arriver en voiture à deux chevaux ; il s’essayait à raconter l’histoire des voleurs sans parler en rien de ce qui touchait à la contrebande, enfin il jouissait à l’avance de la joie de sa promise quand il lui montrerait sa main pleine d’or et qu’il lui dirait à présent nous pouvons nous marier !

Une chaise de poste ne s’était jamais vue dans les chemins caillouteux de Challes ; aussi fut-elle suivie par un grand nombre d’enfants et même de grandes personnes, tous curieux de savoir ce qui arrivait. La voiture s’arrêta devant la maison indiquée, et quelle ne fut pas la surprise de chacun quand ils en virent descendre Claude Porraz et un monsieur qui, ma foi, avait l’air d’être bien cossu.

— Bonjour Clinon, bonjour père Bernard, dit