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la mort, et priait les assistants d’en finir par pitié pour ses souffrances !

— Monsieur le curé, criait-il, en fixant ses yeux rouges et enflammés, Monsieur le curé, faites une prière au bon Dieu pour qu’il me fasse définir !… Puisqu’il faut que je m’en aille, qu’il me prenne tout de suite ! Pardon, pardon, mon Dieu, je souffre trop, je brûle, je brûle ! Oh ! si j’ai fait des péchés, j’ai bien fait mon enfer, depuis hier !

— Mère, reprenait-il d’une voix qu’il essayait d’adoucir, mère, vous m’avez bien pardonné tous mes manquements, n’est-ce pas ? Dites-moi que vous n’en voudrez pas à vous savez bien qui je veux dire.

Elle n’en peut pas mais, voyez-vous !…… C’est le bon Dieu qui l’a permis comme ça… Que je souffre, Seigneur ! Que j’ai chaud dans la poitrine !… Mère, vous m’embrasserez quand je serai mort. Oh ! pardonnez-moi, s’il vous plaît, je suis votre garçon, votre enfant, votre Lallò…… Ah ! si j’avais des étoupes dans la bouche, elle ne serait pas plus sèche !…… Comme ça me ferait plaisir, si je pouvais tous vous embrasser avant de mourir !…… mais je ne puis pas….. je suis enragé, enragé !…… Oh ! tuez-moi, tuez-moi, père, tuez-moi !…… Monsieur le curé est là, il vous pardonnera tout de suite…… Ce n’est pas un péché d’achever quelqu’un comme moi…… Pitié, mon Dieu, pitié !…… J’ai trop de mal !…… »

Puis le délire ou l’assoupissement succédait à