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fisait point, il se mit en devoir de descendre de l’impériale où il était juché, en faisant entendre un bruit sec produit, sans doute, avec ses mâchoires dont les dents blanches craquaient, comme si elles se fussent broyées. En trois culbutes il fut en bas, et d’un saut s’installa sur l’épaule de la petite Bohémienne. Alors commença un colloque entre l’animal et l’enfant, tous deux très-amis, à ce qu’il nous parut, et très-aises de se revoir.

Vous pouvez penser qu’en présence de ces deux créatures étranges, tout le reste du spectacle pàlissait à nos yeux. Si bien que l’installation était terminée, les voitures rangées le long de la haie ; les chevaux, l’âne, la vache et divers autres animaux dont je n’ai plus souvenir étaient entravés ou attachés à des pieux, sans que nous eussions pensé à détourner nos regards du petit groupe que formaient les deux amis. Un peu par coquetterie, je pense, ils nous avaient tous deux donné un échantillon de leur savoir-faire. La petite brunette, tantôt caressant, tantôt grondant, faisait exécuter au singillon ses plus jolis tours : En avant deux, cavalier seul, ou la toupie vivante, il savait tout faire à la perfection. Au moindre signe, il changeait d’exercice, allait, venait, se couchait, dormait, et mille autres drôleries qui nous enchantaient.

En fin de compte, et probablement las tous deux de cette exhibition, le singe, au commandement énergique de sa maîtresse, remonta sur la voiture,