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abominations comme ça… prendre des petits que ça ne sait pas encore se défendre !… Mettez-vous là bien tranquilles, més petits choux. Voyez… voilà déjà pour un… À l’autre à présent ! Eh ! ça pauvre petit qui a le front tout en sang… Ouh ! les vauriens ! les canailles ! qu’il en revienne par chez nous de ces voleurs d’enfants !… Allons, mange, ma petite ; est-ce trop chaud ?… est ce qu’il n’y a pas assez de fromage ?… Oh ! moi qui connais tant ta bonne-maman, une si brave dame !… Pense comme je ne vous soignerai pas ! Je vais vous donner encore un bout de quéque chose, après le bouillon, n’est-ce pas ?

Et la bonne hôtesse se trémoussait dans la cuisine, interrompant son monologue à notre adresse pour retourner sa friture, arroser ses rôtis, tremper un bouillon à un arrivant, et surtout gourmander ses deux servantes qui, trop curieuses, oubliaient leur besogne pour écouter Paul raconter au père Satin comment il avait été averti que nous manquions au Chaffard, et comment la moitié du village s’était mise à la poursuite des bohèmes.

Ils avaient d’abord rencontré la carriole et la petite vache ; Titzo avait fait semblant de ne point comprendre leurs questions. Poursuivant alors leur chemin, ils étaient arrivés jusqu’à la seconde voiture, entourée de tous les bambins, des femmes et des jeunes garçon de la bande. Là, ils s’étaient encore