Page:Gex - Vieilles gens et vieilles choses (1885).pdf/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 88 —

informés ; même silence à notre propos. Un bohémien alla jusqu’à ouvrir la voiture pour bien prouver que nous n’étions point caché là.

Cependant, en s’informant de tous côtés, nos fermiers avaient appris que l’on nous avait aperçus jouer longtemps sur le bord de la route, et que nous avions disparu seulement depuis le passage des baraques. Ils continuèrent donc la poursuite, guidés d’ailleurs par les indications qu’ils recevaient des passants et par les renseignements qu’ils recueillirent à Saint-Jeoire. On sait le reste : comment ils virent de loin la voiture prendre une autre direction, comment ils entendirent nos pleurs et nos cris, et finalement comment ils nous avaient repris des mains de ces brigands.

— Maintenant, ce qui presse le plus, continua le paysan, c’est de ramener ces petits au Chaffard. Les dames là bas sont sens dessus-dessous. La grand’ de la petite est justement revenue de Chambéry comme nous filions… Oh ! las ! ça faisait quelque chose de la voir pleurer !… Mais à l’heure qu’il est, Jean Piattet ne doit pas être loin de chez nous. Il s’est mis en avant pour tirer tout le monde de peine.

Allons, les petits messieurs, reprit Paul en s’adressant à Alexandre et à moi, nous montrant ses colossales épaules, est-on prêt à remonter en carrosse ?… Pour sûr, vous serez mieux là que chez ces satans de bohèmes !… Ah ! leur affaire est toute