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réglée ; pas besoin de juge pour avoir reçu la raclée qu’ils méritaient !…

Allons, à tous bonsoir ! Merci bien, madame Satin et la compagnie. Vous savez comme on dit : On est bien toujours bon pour se revoir, n’est-ce pas ?…

Nous joignimes nos remerciments à ceux du fermier. La brave aubergiste nous embrassa, me chargeant de tous ses compliments pour ma grand’mère, et, malgré nos refus, voulut mettre encore dans nos poches deux pommes et trois biscotins comme provisions de voyage. Enfin, bien lestés et tant soit peu remis de nos émotions, nous reprimes position sur le dos des deux paysans.

Je serais, certes, bien en peine pour vous donner des détails sur notre retour, attendu qu’au bout d’un quart d’heure, soit la fatigue de notre journée, soit les deux doigts de vin pur que je venais de boire, je me sentis envahir par un sommeil qui dura jusqu’à notre arrivée.

Ce ne fut que lorsque Josette me reçut des bras de Paul que je rouvris les yeux. Un instant, j’entrevis le visage de bonne-maman tout gonflé et rougi par les larmes. Pauvre femme ! elle s’efforçait de conserver un maintien sévère et glacial à mon égard, et moi, malgré la frayeur et le chagrin que j’en éprouvais, je ne pus parvenir à m’éveiller complétement. Aussi fut-ce le plus tranquillement du monde que je passais ma nuit dans ce bon petit lit que je croyais ne plus revoir