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de la poésie scientifique

ren : les deux plus puissants poètes du « Symbolisme », — Viélé-Griffin, lui, très personnel.

M. Henri de Régnier débutait, en 1885, par un recueil de poèmes de sensibilité et d’élégance. Il acquiert ensuite, de Mallarmé, certainement, cette sûre science du Symbole, en grâces et en somptuosités mélancoliques contenues en la plus pure des métriques. S’il use du « Vers libre », à la manière de Kahn et de Viélé-Griffin, il semble plutôt se résigner à une licence, car son art, malgré tout, est près du Parnasse. Et loin, avec une peur de ses heurts, de la vie moderne, il se complaît aux poèmes « anciens et romanesques. »


En 1887, M. Gustave Kahn publiait un premier recueil de poèmes remarqués où s’appliquait sa théorie prosodique, qui, sous l’appellation de « Vers-Libre », est demeuré le plus sûr et le plus général acquis prosodique du Symbolisme, encore qu’elle ne soit point spontanément personnelle. Cette théorie, que M. Kahn esquissa ensuite, en 1888, en des articles de la Revue Indépendante, — MM. Van Bever et Léautaud, en leur Anthologie, la disent suggérée, au principe, par Jules Laforgue, ce poète inquiet qui lui-même paraît avoir été touché de la sensibilité de cet autre grand et inégal poète du désenchantement qui se veut ironique, Tristan Corbière. En 1897, M. Gustave Kahn précisait ses vues, en l’Avant-propos à la réédition de ses premiers Poèmes.

Il est vrai qu’aux derniers mois de 1885, quand M. Kahn revint d’Algérie à Paris, d’où il était parti pour quatre années, il ne rapportait que quelques vers alexandrins,