Aller au contenu

Page:Ghil - De la poésie scientifique, 1909.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
  
29
de la poésie scientifique

très classiques et de cette monotonie qu’il garda malgré tout, et il possédait plusieurs poèmes inédits de son ami Jules Laforgue.

Il était aussi très attiré vers le poème en prose…

Mais ainsi qu’en son Enquête de 1891, le remarque immédiatement M. Jules Huret, la théorie de M. Kahn dénonça, dans un air général, des rapports évidents en plusieurs points, avec ma théorie de « l’Instrumentation verbale » qui occupait, depuis 1885, tous les esprits poétiques[1].

En écho en sourdine à certaines propositions de « l’Instrumentation », par exemple, M. Kahn énonçait que le Vers-Libre « doit exister en lui-même par des allitérations


  1. M. Gustave Kahn se trompe donc, disons-le en passant, sans relever inutilement d’autres manques de mémoire, en disant dans son volume (recueils d’articles, Symbolistes et Décadents) que « ce qui se détache en résultat tangible de l’année 1886, c’est l’instauration du Vers libre. » Il n’en avait pas été question, et lui-même cherchait encore son expression d’art.

    D’ailleurs, en 1887 même, quand paraît ma revue, Écrits pour l’Art (janvier 1887), qui pendant six mois, — l’idée de Symbole, de Mallarmé, n’étant point encore représentative d’École, — soutiennent également l’art de Mallarmé : de Régnier et Viélé-Griffin, « Symbolistes » de demain au Mercure de France, ne connaissent que cet art Mallarméen, et la théorie instrumentale, « cette association harmonique du vers que réalise M. René Ghil par son très complet système d’Instrumentation. » (Écrits pour l’Art, article de Henri de Régnier, mars 1887). Stuart Merril dédie son premier livre, cette même année : « À René Ghil, au maître de la Musique verbale. »

    (Vers 1888, le Symbole étant devenu principe d’École et d’Écoles, on me voit rompre, pour garder intacte la pensée de la « Poésie scientifique » qui n’a plus de contact avec elles que par l’action que sa pensée avait exercée initialement et exercerait encore sur le tout).