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de la poésie scientifique

Ce Rythme scientifique, évoluant de l’évolution même de la pensée, ne s’en mesure pas moins métriquement, cependant. C’est-à-dire qu’en le Vers, les diverses divisions rythmiques propulsées par l’idée, en même temps qu’elles se marquent et se soutiennent sur des sons de telle ou telle quantité vibratoire, viennent aussi se mesurer Syllabiquement. Mesures eurythmiques ou dissonantes, selon que les combinaisons métriques proviennent de la multiplication ou de l’addition des nombres deux et trois.

La mesure de l’alexandrin est gardée en tant que présence continue de l’unité de mesure… Car la mesure de douze pieds est tenue, par nous, pour nécessaire, organique : elle a son équivalent en toutes métriques premières, anciennes et modernes. L’explication s’en trouve évidemment en une raison physiologique : que ce mètre est la mesure du temps nécessaire à l’expiration du souffle.

Ses divisions aussi valent organiquement, parce qu’en le temps de la totale expiration, l’émotion, le sentiment, l’idée, inscrivent des intervalles accentués.

Mais l’on ne prit pas garde antérieurement que deux raisons s’opposent à d’égales divisions, à des intervalles équidistants tels que l’étaient les césures. D’une part, la pensée, avons-nous vu, crée en dehors de pré-conception son propre et divers Rythme. Et, d’autre part, les propriétés de hauteur, d’intensité et de longueur des sons ou timbres-vocaux qui sont partie intégrante de ce Rythme, — par parcelles et inégales durées, déterminent avec l’idée et par elle la place des temps marqués au long de l’expiration totale…


Or, « l’Instrumentation verbale » donne à la parole poé-