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de la poésie scientifique

même, et tendre à sa Synthèse, — c’est-à-dire re-créer en lui consciemment un peu de l’Unité devenu ainsi conscient.

— Donc, son plus de science (d’où, son plus de conscience) crée son plus de valeur intellectuelle et morale.

— D’où, notre principe : « Devenir à Savoir, c’est devenir à Être[1] ».



Sociologiquement, le plus de science acquise, c’est-à-dire de conscience, donne le plus de Droit. Mais en immédiate correction, il entraîne la notion et l’assentie nécessité du Devoir, envers le passé et envers l’avenir.

Comme toute connaissance individuelle dépend aussi des connaissances ataviques, l’homme doit gratitude et amour au Passé qui le domine, le pénètre, le hante. Nous avons vu que la nécessité de l’effort tient éternellement à la première Fatalité de « non-conscience ».

Et, il se doit à l’Avenir. — Donc, il doit tendre, si sa valeur morale est plus grande, à entraîner les autres hommes au partage de sa Connaissance. De par un vrai dogme « altruiste » ici nécessité scientifiquement, — qui n’est plus ni une impulsion de sentiment, ni un devoir de charité, car charité implique sacrifice.

Cet Altruisme, nous ne le séparons pas de l’Égoïsme, qui n’est qu’un mode de l’instinct de conservation, avons-nous dit, naturel et nécessaire. Mais nous réduisons encore l’antinomie : et, couvert par une loi d’ordre naturel, ce n’est que lorsque l’Individu a pour lui-même acquis la sûreté de vie organique et morale, qu’il se doit à autrui et à son effort…


  1. En Méthode à l’Œuvre.