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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

leur nom passera d’âge en âge jusqu’à la postérité la plus reculée, puisque l’Europe et le Nouveau

    fort peuplée. » D’ailleurs, Strabon n’avait jamais vu la Palestine ; il n’en parlait que d’après des rapports qui ont fort bien pu être inexacts comme ceux d’après lesquels il avait fait cette description de la Germanie, où Cluvier a relevé tant d’erreurs. (Cluv., Germ. ant., l. III, c. 1.) Enfin, son témoignage est contredit et réfuté par celui des autres auteurs anciens et des médailles. Tacite dit, en parlant de la Palestine : « Les hommes y sont sains et robustes, les pluies rares, le sol fertile. » (Tac., Hist., l. V, c. 6.) Ammien Marcellin dit aussi : « La dernière des Syries est la Palestine, pays d’une grande étendue, rempli de bonnes terres et bien cultivées, et où l’on trouve quelques belles villes, qui ne le cèdent point l’une à l’autre, mais qui sont dans une espèce d’égalité qui les rend rivales. » (l. XIV, c. 8. Voyez aussi l’historien Josèphe, l. VI, c. 1, p. 367.) Procope de Césarée, qui vivait au 6e siècle, dit que Chosroès, roi de Perse, avait eu une extrême envie de s’emparer de la Palestine, à cause de sa fertilité extraordinaire, de son opulence, et du grand nombre de ses habitans. Les Sarrasins pensaient de même, et craignaient qu’Omar, qui était allé à Jérusalem, charmé de la fertilité du pays et de la pureté de l’air, ne voulût jamais retourner à Médine. (Ockley, Hist. des Sarrasins, p. 279) L’importance que mirent les Romains à la conquête de la Palestine, et les obstacles qu’ils eurent à vaincre, prouvent encore la richesse et la population du pays. Vespasien et Titus firent frapper des médailles avec des trophées dans lesquels la Palestine est représentée par une femme sous un palmier, pour témoigner la bonté du pays, avec cette inscription : Judæa capta. D’autres médailles indiquent encore cette fertilité : par exemple, celle d’Hérode tenant une grappe de raisin, et celle du jeune Agrippa éta-