Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. V.

velle de la mort de Pertinax, il assembla ses troupes, leur peignit avec les couleurs les plus vives le crime, l’insolence et la faiblesse des prétoriens ; et il excita les légions à voler aux armes et à la vengeance. La péroraison de son discours était surtout extrêmement éloquente. Il promettait à chaque soldat une somme de quatre cents livres sterl., présent considérable et double de celui que le lâche Julianus avait offert pour acheter l’empire[1]. [Déclaré empereur par les légions de Pannonie. A. D. 193, 13 avril.]Les troupes conférèrent aussitôt à leur général le nom d’Auguste, de Pertinax et d’empereur. Ce fut ainsi que Sévère parvint à ce poste élevé, où il était appelé par le sentiment de son propre mérite, et par une longue suite de songes et de présages qu’avait enfantés sa politique ou sa superstition[2].

    bitieux qui censuraient la conduite de leur prince, et qui désiraient d’en occuper la place. Hist. Aug., p. 80.

  1. La Pannonie était trop pauvre pour fournir tant d’argent. Cette somme fut probablement promise dans le camp, et payée à Rome après la victoire : j’ai adopté, pour la fixer, la conjecture de Casaubon. Voy. Hist. Aug., p. 66 ; Comm. p. 115.
  2. Hérodien, l. II, p. 78. Sévère fut déclaré empereur sur les bords du Danube, soit à Carnuntum (*), selon Spartien (Hist. Aug., p. 65) ; soit à Sabaria, selon Victor. M. Hume, en avançant que la naissance et la dignité de Sévère étaient trop au-dessous de la pourpre impériale, et qu’il marcha en Italie seulement comme général, n’a pas examiné ce fait avec son exactitude ordinaire. (Ess. sur le Contrat primitif.)
    (*) Carnuntum, vis-à-vis de l’embouchure de la Morava : on hésite, pour sa position, entre Pétronel et Haimburg. Un petit village intermédiaire paraîtrait indiquer un ancien emplacement par son nom d’Altenburg (vieux bourg). D’Anville, Géogr. anc., t. I, p. 154. Sabaria, aujourd’hui Sarvar. (Note de l’Éditeur.)