Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/338

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meux temple de la Lune. Il avait à sa suite un corps de cavalerie ; mais ayant été obligé de s’arrêter un moment sur la route, comme les gardes se tenaient par respect à quelque distance de sa personne, Martial s’approcha de lui, sous prétexte de lui rendre quelque service, et le poignarda. L’assassin fut tué à l’instant par un archer scythe, de la garde impériale. Telle fut la fin d’un monstre dont la vie déshonorait la nature humaine, et dont le règne accuse la patience des Romains[1]. Les soldats reconnaissans oublièrent ses vices, ne pensèrent qu’à sa libéralité, et forcèrent les sénateurs à prostituer la majesté de leur corps et celle de la religion, en le mettant au rang des dieux. [Imitation d’Alexandre.]Tant que cet être divin avait vécu parmi les hommes, Alexandre-le-Grand avait été le seul héros qu’il jugeât digne de son admiration. Caracalla prenait le nom et l’habillement du vainqueur de l’Asie, avait formé pour sa garde une phalange macédonienne, recherchait les disciples d’Aristote, et déployait, avec un enthousiasme puéril, le seul sentiment qui marquât quelque estime pour la gloire et pour la vertu. Charles XII, après la bataille de Nerva et la conquête de la Pologne, pouvait se vanter d’avoir égalé la bravoure et la magnanimité du fils de Philippe, quoiqu’il n’eût aucune de ses qua-

    célèbre par la défaite de Crassus. C’est de là que partit Abraham pour se rendre dans le pays de Canaan. Cette ville a toujours été remarquable par son attachement au sabéisme. (Note de l’Éditeur.)

  1. Dion, l. LXXVIII, p. 1312 ; Hérodien, l. IV, p. 168.