Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/373

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public revêtu des marques de sa dignité, cette vue ne ranimât la fureur des troupes, il quitta, à la persuasion de l’empereur, une ville où il n’exerçait qu’un pouvoir idéal, et il passa la plus grande partie de son consulat[1] dans ses terres en Campanie[2].

Tumulte des légions.

La douceur du prince autorisait l’insolence des soldats. Bientôt les légions imitèrent l’exemple des gardes, et soutinrent leurs droits à la licence avec une opiniâtreté aussi violente. L’administration d’Alexandre luttait en vain contre la corruption de son siècle. L’Illyrie, la Mauritanie, l’Arménie, la Mésopotamie et la Germanie, voyaient tous les jours se former dans leur sein de nouveaux orages. Les officiers de l’empereur étaient massacrés ; on méprisait son autorité ; enfin il devint lui-même la victime de l’animosité des troupes[3]. [Fermeté de l’empereur.]Ces caractères intraitables se soumirent cependant une fois à l’obéissance, et rentrèrent dans leur devoir. Ce fait particulier mé-

  1. On peut voir dans la fin tronquée de l’Histoire de Dion (l. LXXX, p. 1371), quel fut le sort d’Ulpien, et à quels dangers Dion fut exposé.
  2. Dion ne possédait point de terres en Campanie et n’était pas riche. Il dit seulement que l’empereur lui conseilla d’aller, pendant son consulat, habiter quelque lieu hors de Rome ; qu’il revint à Rome après la fin de son consulat, et eut occasion de s’entretenir avec l’empereur en Campanie. Il demanda et obtint la permission de passer le reste de sa vie dans sa ville natale (Nicée en Bithynie) ; ce fut là qu’il mit la dernière main à son histoire, qui finit avec son second consulat. (Note de l’Éditeur.)
  3. Annotation. Reymar ad Dion, l. LXXX, p. 1369.