Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/404

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foi à un récit différent, mais beaucoup plus probable, Maximin fut revêtu de la pourpre par un nombreux détachement à quelques milles de distance du quartier-général ; et il comptait plus sur les vœux secrets, que sur une déclaration publique de la grande armée. Alexandre eut le temps de ranimer parmi les soldats un faible sentiment d’honneur et de fidélité ; mais ils levèrent l’étendard de la révolte à l’aspect de Maximin, qui se déclara l’ami et le défenseur de l’ordre militaire, et qui fut aussitôt proclamé par les légions empereur des Romains. Alexandre, trahi et abandonné, se retira dans sa tente, pour n’être pas exposé, dans ses derniers momens, aux insultes de la multitude. Un tribun et quelques centurions l’y suivirent bientôt l’épée à la main : au lieu de recevoir le coup fatal avec une ferme résolution, il déshonora, par des cris impuissans et par de vaines supplications, la fin de sa vie ; et le mépris de sa faiblesse diminua quelque chose de la juste pitié qu’inspiraient son innocence et son malheureux sort. Sa mère Mammée, qu’il avait accusée hautement d’avoir été la cause de sa ruine par son avarice et par son orgueil, périt avec lui ; et ses plus fidèles amis furent sacrifiés à la première fureur des soldats. On en réserva seu-

    constances les plus improbables rapportées dans sa vie : autant que l’on en peut juger d’après la narration de son misérable biographe, le bouffon d’Alexandre étant entré par hasard dans la tente de ce prince pendant qu’il dormait, il le réveilla. La crainte du châtiment l’engagea à persuader aux soldats mécontens de commettre le meurtre.