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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

par-dessus les autres tentes, le prétoire ou le quartier du général. La cavalerie, l’infanterie et les auxiliaires, occupaient leurs postes respectifs. Les rues étaient larges et fort droites, et l’on ménageait de tous côtés un espace libre de deux cents pieds entre le rempart et les tentes. Le rempart était ordinairement de douze pieds de haut, défendu par de fortes palissades, et entouré d’un fossé dont la largeur et la profondeur étaient aussi de douze pieds. Les légionnaires eux-mêmes étaient chargés de cet ouvrage important : l’usage de la bêche et de la pioche ne leur était pas moins familier que celui de l’épée ou du pilum. Le courage intrépide est souvent un présent de la nature ; mais cette activité soutenue dans l’exécution des travaux, ne peut jamais être que le fruit de l’habitude et de la discipline[1].

Marches.

À peine la trompette avait-elle donné le signal du départ, que le camp était levé ; et les troupes se plaçaient à leurs rangs, sans retard et sans confusion. Les légionnaires, outre leurs armes, au poids desquelles ils songeaient à peine, étaient encore chargés de leurs instrumens de cuisine, des outils nécessaires pour les fortifications, et de provisions pour plusieurs jours[2]. Malgré un fardeau si considérable,

  1. Pour la castramétation des Romains, voyez Polybe, l. VI, avec Juste-Lipse, De militiâ romanâ ; Josèphe, De bel. judaic. l. III, c. 5 ; Végèce, I, 21-25, III, 9 ; et Mémoires de Guichard, tom. I, c. 1.
  2. Cic., Tuscul., II, 37 ; Josèphe, De bello jud., l. III, 5 ; Frontin, IV, 1.