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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

terre, tant des troupes employées dans les légions, que des auxiliaires, des gardes du palais et de la marine, nous verrons que le nombre total des troupes n’excédait pas quatre cent cinquante mille hommes. Quelque formidable que paraisse cette puissance, le dernier siècle a vu avec étonnement des forces semblables entretenues par un monarque dont les états étaient renfermés dans une seule province de l’Empire romain[1].

Vue des provinces de l’empire.

Nous avons essayé de faire connaître et l’esprit de modération qui mettait des bornes à la puissance d’Adrien et des Antonins, et les forces qui servaient à la soutenir ; tâchons maintenant de décrire, avec clarté et précision, ces mêmes provinces, réunies autrefois sous un seul chef, et maintenant divisées en un si grand nombre d’états indépendans et ennemis les uns des autres.

Espagne.

Située à l’extrémité de l’empire, de l’Europe et de l’ancien monde, l’Espagne a conservé d’âge en âge ses limites naturelles : les monts Pyrénées, la Méditerranée et l’océan Atlantique. Cette grande péninsule, aujourd’hui partagée si inégalement entre deux souverains, avait été divisée par Auguste en trois provinces : la Lusitanie, la Bétique et la Tarragonaise. Les belliqueux Lusitaniens occupaient la contrée qui compose aujourd’hui le royaume de Portugal : ce royaume a gagné, vers le nord, le terrain

  1. Voltaire, Siècle de Louis XIV, c. 19. Il ne faut cependant pas oublier que la France se ressent encore de cet effort extraordinaire.