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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/115

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titude et la valeur des Koreishites, et il avait à craindre que les Arabes du désert, retenus sous ses drapeaux par l’espoir du butin, n’abandonnassent et ne trahissent leur chef. L’intrépide fanatique se changea tout à coup en un politique froid et circonspect ; il écarta dans le traité qu’il fit avec les Koreishites la qualité d’apôtre de Dieu ; il signa avec eux et leurs alliés une trêve de dix ans ; il s’engagea à rendre les fugitifs de la Mecque qui embrasseraient sa religion, et obtint seulement pour condition l’humble privilége d’entrer à la Mecque l’année d’après, comme ami, et d’y rester trois jours pour achever les cérémonies du pèlerinage. La honte et la douleur couvrirent comme d’un nuage la retraite des musulmans, et ce mauvais succès put à leurs yeux accuser d’impuissance un prophète qui avait si souvent donné ses succès pour preuve de sa mission. L’année suivante, la foi et l’espérance des pèlerins se ranimèrent à la vue de la Mecque : leurs glaives étaient dans le fourreau ; ils firent sept fois le tour de la Caaba sur les traces de Mahomet : les Koreishites s’étaient retirés sur les collines ; et Mahomet, après les cérémonies accoutumées, sortit de la ville le quatrième jour. Sa dévotion édifia le peuple ; il étonna, il divisa ou il séduisit les chefs ; et Caled et Amrou, qui devaient dans la suite subjuguer la Syrie et l’Égypte, abandonnèrent au moment propice l’idolâtrie prête à perdre tout son crédit. Mahomet voyant son pouvoir augmenté par la soumission des tribus arabes, rassembla dix mille soldats pour la conquête de la Mecque ; et