Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/192

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déjà perdu de vue l’ourse septentrionale et presque dépassé les bornes du monde habitable[1]. Se tournant ensuite du côté de l’Occident et de l’Empire romain, ils repassèrent le Tigre sur le pont de Mosul ; et au milieu des provinces captives de l’Arménie et de la Mésopotamie, ils embrassèrent leurs compatriotes de l’armée de la Syrie, qui de leur côté avaient eu de grands succès. Du palais de Modain ils se remirent en marche vers l’Orient, et leurs progrès ne furent ni moins rapides ni moins étendus. Ils s’avancèrent le long du Tigre et du golfe de la Perse, et après avoir passé les défilés des montagnes, ils arrivèrent dans la vallée d’Estachar ou de Persépolis, et profanèrent le dernier sanctuaire de l’empire des mages. Le petit-fils de Chosroès pensa être surpris au milieu des colonnes qui s’écroulaient et des figures mutilées, tristes emblèmes de la fortune passée et de la fortune présente de la Perse[2] : il traversa

  1. C’est avec cette ignorance et ce ton admiratif que l’orateur athénien décrivait les conquêtes que fit vers le nord Alexandre, qui cependant ne dépassa jamais les rives de la mer Caspienne. Αλεξανδρος εξω της αρκτο‌υ και της οικο‌υμενης, ολιγο‌υ δειν, πασης μεθησ‌τηκει (Eschine, contra Ctesiphont., t. III, p. 534, edit. græc. orat., Reiske). Cette cause mémorable fut plaidée à Athènes (Olymp. CXII, 3), l’an 330 avant Jésus-Christ, durant l’automne (Taylor, Préf., p. 370, etc.), environ un an après la bataille d’Arbèle ; Alexandre alors poursuivait Darius, et marchait vers l’Hyrcanie et la Bactriane.
  2. Nous devons ce fait curieux aux Dynasties d’Abulpharage, p. 116. Il est inutile de prouver l’identité d’Esta-