Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/267

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de nouvelles armées de Romains et de Barbares. Alexandrie offrait dix milles de circonférence, et cette étendue aurait pu avoir l’inconvénient de diviser les forces des Grecs et de favoriser les stratagèmes d’un ennemi actif ; mais bâtie en un carré oblong dont la mer et le lac Marœotis couvraient les deux côtés, elle ne présentait à chacune des extrémités qu’un front qui n’avait pas plus de dix stades. Les Arabes proportionnèrent leurs efforts à la difficulté du siége et à la valeur de la place. Du haut de son trône de Médine, Omar tenait les yeux fixés sur le camp et sur la ville ; sa voix excitait au combat les tribus arabes ainsi que les vétérans de la Syrie ; et le zèle de cette sainte guerre était puissamment soutenu par la réputation et la fertilité de l’Égypte. Les Égyptiens, agités du désir de perdre ou de chasser leurs tyrans, secondaient par leurs travaux les efforts d’Amrou ; l’exemple de leurs alliés ranima peut-être dans leur sein quelques étincelles de l’esprit martial, et Mokawkas se flattait de l’ambitieuse espérance que son tombeau serait placé dans l’église de Saint-Jean d’Alexandrie. Le patriarche Eutychius observe que les Sarrasins combattirent avec un courage de lion ; ils repoussèrent les sorties fréquentes et presque journalières des assiégés, et ne tardèrent pas à attaquer eux-mêmes les murs et les tours de la ville. Dans toutes les attaques, le glaive et le drapeau d’Amrou brillaient à l’avant-garde. Un jour sa téméraire valeur l’emporta ; les guerriers qui le suivaient, après avoir pénétré dans la citadelle en avaient été