respectives. L’harmonie de toutes ces prières en langues si diverses, tant de nations rassemblées dans le temple commun de leur religion, auraient dû présenter un spectacle d’édification et de paix ; mais la haine et la vengeance aigrissaient le zèle des sectes chrétiennes ; et sur les lieux où le Messie avait perdu le jour en pardonnant à ses bourreaux, elles voulaient dominer et persécuter leurs frères. Le courage et le nombre assuraient aux Francs la prééminence, et la grandeur de Charlemagne[1] protégeait les pèlerins de l’Église latine et les catholiques de l’Orient. Les aumônes de ce dévot empereur soulagèrent la pauvreté de Carthage, d’Alexandrie et de Jérusalem ; et il fonda ou rétablit plusieurs monastères de la Palestine. Haroun-al-Rashid, le plus grand des Abbassides, estimait dans le prince chrétien, qu’il appelait son frère, une grandeur de génie et de puissance égale à la sienne : leur amitié fut cimentée par des dons et des ambassades fréquentes, et le calife, en conservant la véritable domination de la Terre-Sainte, offrit à l’empereur les clefs du Saint-Sépulcre et peut-être de la ville de Jérusalem. Au déclin de la monarchie carlovingienne, la république d’Amalfi fut utile au commerce et à la religion des Européens en Orient ; ses navires portèrent les pèlerins sur les
- ↑ Voyez sur les rapports de Charlemagne avec la Terre-Sainte, Éginhard (De vitâ Caroli Magni, c. 16, p. 79-82). Constantin Porphyrogenète (De administr. imperii, l. II, c. 26, p. 80), et Pagi (Critica, t. III, A. D. 800, nos 13, 14, 15).