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côtes de l’Égypte et de la Palestine ; et, à l’aide de ses cargaisons, elle obtint la faveur et l’alliance des califes fatimites[1] : on établit sur le Calvaire une foire annuelle, et les négocians d’Italie fondèrent le couvent et l’hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem, berceau de l’ordre monastique et militaire, qui depuis a donné des lois à l’île de Rhodes, et qui règne aujourd’hui à Malte. Si les pèlerins de l’Église chrétienne s’étaient contentés de révérer le tombeau d’un prophète, les disciples de Mahomet, loin de se plaindre d’une pareille dévotion, l’auraient imitée ; mais ces rigides unitaires furent révoltés d’un culte qui comprend la naissance, la mort et la résurrection d’un Dieu ; ils flétrirent du nom d’idoles les images des catholiques, et les musulmans virent avec un sourire d’indignation[2] la flamme miraculeuse qui s’allumait, la veille de Pâques, dans le Saint-Sépulcre[3] ; les croisés latins se laissèrent séduire par cette pieuse

  1. Le calife accorda des priviléges Amalphitanis viris amicis et utilium introductoribus (Gesta Dei, p. 934). Le commerce de Venise en Égypte et dans la Palestine ne saurait produire un titre aussi ancien, à moins qu’on n’adopte la plaisante traduction d’un Français, qui prenait les deux factions du Cirque (Veneti et Prasini) pour les Vénitiens et les Parisiens.
  2. Une Chronique arabe de Jérusalem (ap. Assemani, Bib. orient., t. I, p. 628 ; t. IV, p. 368) atteste l’incrédulité du calife et de l’historien ; Cantacuzène toutefois ose en appeler aux musulmans eux-mêmes pour la réalité de ce miracle perpétuel.
  3. Le savant Mosheim a discuté séparément ce prétendu