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Charlemagne, avait ajouté le titre de roi à ses états héréditaires de Paris et d’Orléans. La juridiction et le revenu de ce petit état lui appartenaient en propre ; mais dans tout le reste de la France, Hugues et ses premiers descendans n’étaient que les seigneurs suzerains d’environ soixante ducs ou comtes héréditaires et indépendans[1], dédaignant les assemblées légales, et aussi peu soumis aux lois qu’au monarque, vengé à son tour de leur insubordination par l’indocilité de la noblesse inférieure. À Clermont dans les terres du comte d’Auvergne[2], le pape pouvait braver impunément le ressentiment de Philippe, et le concile qu’il y assembla ne fut ni moins nombreux ni moins respectable que celui de Plaisance[3]. Outre sa cour et le collége de cardinaux romains, le pape y réunit treize archevêques et deux cent vingt-cinq évêques : on y comptait

  1. Dans les provinces du sud de la Loire, les premiers Capétiens jouissaient à peine de la suprématie féodale ; de tous côtés la Normandie, la Bretagne, l’Aquitaine, la Bourgogne, la Lorraine et la Flandre resserraient les limites de la France proprement dite. Voyez ad. Valois, Notitia Galliarum.
  2. Ces comtes, issus d’une branche cadette des ducs d’Aquitaine, furent à la fin dépouillés de la plus grande partie de leurs domaines par Philippe-Auguste. Les évêques de Clermont devinrent insensiblement princes de la ville. (Mélanges tirés d’une grande Bibliot., t. XXXVI, p. 288, etc.)
  3. Voyez les Actes du concile de Clermont, Concil., t. XII, p. 829, etc.