Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/119

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premier à cheval ou sur les vaisseaux, et sans jamais négliger les précautions qui pouvaient assurer la victoire, il excita souvent, par son exemple, les Latins découragés à sauver et à seconder leur intrépide empereur ; mais ses efforts et quelques secours d’hommes et d’argent de France, contribuèrent moins à leurs succès que les fautes, la cruauté et la mort du plus formidable de leurs adversaires. En invitant Calo-Jean à les tirer d’esclavage, les Grecs avaient espéré qu’il protégerait leurs lois et leur liberté ; mais ils eurent bientôt la triste occasion de comparer les degrés de férocité nationale et d’abhorrer le conquérant sauvage qui ne dissimulait plus l’intention de dépeupler la Thrace, de démolir les villes et de transplanter les habitans au-delà du Danube. Plusieurs villes et villages de la Thrace étaient déjà évacués ; on ne voyait plus à la place de Philippopolis qu’un monceau de ruines, et les habitans d’Andrinople et de Demotica, premiers auteurs de la révolte, redoutaient le même sort. Un cri de douleur et de repentir s’éleva jusqu’au trône de Henri, et l’empereur eut la grandeur d’âme d’ajouter la confiance au pardon. Il ne put rassembler, sous ses drapeaux, que quatre cents chevaliers avec leur suite d’archers et de sergens ; à la tête de ce petit corps d’armée, il chercha et repoussa le Bulgare, qui, outre son infanterie, commandait quarante mille hommes de cavalerie. Dans cette expédition, Henri eut l’occasion de sentir la différence d’avoir ou pour ou contre soi le vœu des habitans. Il sauva les villes qui subsistaient encore ; le