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année de son âge ; il porta ce titre auguste durant un règne long et peu glorieux, neuf ans comme le collégue de son père, et cinquante ans comme son successeur. Michel aurait été jugé lui-même plus digne du trône s’il n’y fût jamais monté : les assauts de ses ennemis spirituels et domestiques lui laissèrent rarement le temps de travailler à sa propre gloire ou au bonheur de ses sujets. Il enleva aux Francs plusieurs des îles les plus précieuses de l’Archipel, Lesbos, Chio et Rhodes : sous la conduite de son frère Constantin, qui commandait à Sparte et dans la Malvasie, les Grecs recouvrèrent toute la partie orientale de la Morée depuis Argos et Napoli jusqu’au cap de Ténare. Le patriarche censura sévèrement l’effusion du sang chrétien, et osa insolemment opposer aux armes des princes ses craintes et ses scrupules ; mais tandis qu’on s’occupait de ces conquêtes d’Occident, les Turcs ravageaient tous les pays au-delà de l’Hellespont, et leurs déprédations justifièrent le sentiment d’un sénateur, qui prédit au moment de sa mort que la reprise de Constantinople serait la perte de l’Asie. Les conquêtes de Michel furent faites par ses lieutenans ; son épée se rouilla dans le palais des empereurs, et ses négociations avec les papes et le roi de Naples présentent des traits d’une politique perfide et sanguinaire[1].

  1. Des treize livres de Pachymères, les six premiers contiennent, ainsi que les quatrième et cinquième de Nicéphore Grégoras, le règne de Michel Paléologue. Lorsque