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sa conduite pieuse et charitable dans cette situation équivoque. Lorsque l’empereur grec se vit paisiblement assis sur le trône de Constantinople, il rendit visite à son gendre, qui, accompagné de ses quatre fils de différentes épouses, vint l’attendre à Scutari, sur la côte asiatique. Les deux princes partagèrent, avec une apparente cordialité, les plaisirs de la chasse et d’un festin ; et Théodora obtint la permission d’aller au-delà du Bosphore passer quelques jours dans la société de sa mère. Mais Orchan, dont l’amitié était subordonnée aux intérêts de sa politique et de sa religion, se joignit sans hésiter, dans la guerre des Génois, aux ennemis de Cantacuzène.

Établissement des Ottomans en Europe. A. D. 1353.

Dans son traité avec l’impératrice Anne, le prince ottoman stipulé cette singulière condition, qui lui serait permis de vendre ses prisonniers à Constantinople ou de les transporter en Asie. Une foule de chrétiens des deux sexes, de tous les âges, de prêtres et de moines, de vierges et de matrones, furent exposés nus dans les marchés publics, et souvent maltraités à coups de fouet pour exciter la charité à les racheter plus promptement ; mais l’indignation des Grecs ne leur permettait guère que de déplorer le sort de leurs concitoyens, qu’ils voyaient emmener au loin dans un esclavage qui assujettissait leur âme et leur corps[1]. Cantacuzène fut

  1. On trouvera dans Duras (c. 8) une peinture animée et concise de cette captivité, dont Cantacuzène convient avec la rougeur d’un coupable.