Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/319

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rath Ier, fils d’Orchan et frère de Soliman ; on découvre à travers l’obscurité des annales byzantines[1], qu’il s’empara presque sans résistance de toute la Romanie et de la Thrace, depuis l’Hellespont jusqu’au mont Hémus, et que, presque aux portes de la capitale, il choisit Andrinople pour le siége de son gouvernement et de sa religion, en Europe. Constantinople, dont la décadence date presque de l’époque de sa fondation, avait été successivement attaquée, durant le cours de dix siècles, par les Barbares de l’Orient et de l’Occident. Mais jusqu’à cette époque fatale, les Grecs ne s’étaient point vus environnés du côté de l’Asie et de l’Europe par les forces d’une même puissance ennemie. Cependant Amurath, par prudence ou par générosité, suspendit encore pour quelque temps cette facile conquête, et son orgueil se contenta d’appeler fréquemment auprès de lui l’empereur Jean Paléologue et ses quatre fils, qui, dès qu’ils en recevaient l’ordre, se rendaient à la cour ou à l’armée du prince ottoman. Il marcha successivement contre les nations esclavonnes, qui habitaient entre le Danube et la mer Adriatique, contre les Bulgares, les Serviens, les Bosniens, les Albanais, et il écrasa à plusieurs reprises, par ses excursions, ces tribus belliqueuses qui avaient si souvent insulté l’Empire romain. Leur pays n’abondait ni en or ni en

  1. Depuis l’époque où Grégoras et Cantacuzène terminent leur histoire, on trouve une lacune de plus d’un siècle. George Phranza, Michel Ducas et Laonicus Chalcocondyles n’écrivirent qu’après la prise de Constantinople.