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cour d’Amurath II ; et cet historien put converser avec des janissaires qui avaient partage la captivité de Balazet et vu le sultan dans sa cage de fer. [5o. Par les Turcs.]5o. La dernière et la meilleure autorité est celle des annales turques, consultées et copiées par Leunclavius, Pococke et Cantemir[1]. Ils déplorent unanimement la captivité de la cage de fer ; et l’on doit accorder sur ce point quelque confiance à des historiens nationaux, qui ne peuvent inculper le Tartare qu’en découvrant la honte de leur prince et de leur pays.

Conclusion probable.

De ces prémisses opposées, on peut tirer une conclusion probable et qui tient un milieu entre les deux opinions. Je veux bien supposer que Sherefeddin Ali a raconté fidèlement la première entrevue d’apparat dans laquelle le vainqueur, monté par le succès à un ton plus noble, affecta les sentimens de la générosité. Mais l’arrogance déplacée de Bajazet l’aliéna insensiblement ; les princes de l’Anatolie détestaient le sultan, et leurs plaintes étaient justes. On apprit que Timour avait formé le dessein de le conduire en triomphe à Samarcande, et un trou creusé sous sa tente dans le dessein de faciliter sa fuite, obligea l’empereur mongoul à prendre de nouvelles précautions. La cage de fer portée sur un chariot dans des marches continuelles, était peut-être moins destinée à insulter Bajazet qu’à s’en assurer. Timour avait lu dans quelque histoire fabu-

  1. Annales Leunclav., p. 321 ; Pococke, Prolegom. ad Abulphar. Dynast. ; Cantemir, p. 55.