Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/397

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec autant d’étonnement que de joie le départ, la défaite et la captivité de l’empereur ottoman. Manuel[1] partit sur-le-champ de Modon dans la Morée pour Constantinople, remonta sur son trône, et donna au prince de Sélymbrie un doux exil dans l’île de Lesbos. Les ambassadeurs du fils de Bajazet furent admis en sa présence ; mais leur orgueil était abattu, leur ton modeste ; ils étaient contenus dans le respect par la juste appréhension que les Grecs ne facilitassent aux Mongouls l’entrée de l’Europe. Soliman salua l’empereur du nom de père ; il sollicita l’investiture du gouvernement de la Romanie, promit de mériter cette faveur par un attachement inviolable et la restitution de Thessalonique et des plus importantes places situées sur les bords du Strymon, de la Propontide et de la mer Noire. Cette alliance avec Soliman exposa Manuel au ressentiment et à la vengeance de Mousa. Une armée de Turcs parut aux portes de Constantinople, mais ils furent repoussés par terre et par mer ; et si la capitale n’était point gardée par des troupes étrangères, les Grecs durent être étonnés de leur victoire. Mais au lieu de prolonger la division des puissances ottomanes, la politique ou l’inclination engagea Manuel à secourir le plus formidable des fils de Bajazet. Il

  1. Pour les règnes de Manuel et de Jean, de Mahomet Ier et d’Amurath II, voyez l’Hist. ottom. de Cantemir (p. 70-95) et les trois écrivains grecs Chalcocondyles, Phranza et Ducas, toujours supérieur à ses rivaux.