Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/442

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[De Bâle. A. D. 1431-1443.]mais la vigoureuse fermeté de celui de Bâle[1] pensa être fatale à Eugène IV, le pontife régnant. Les Pères, qui pressentaient ses desseins, se hâtèrent de publier, par leur premier décret, que les représentans de l’Église militante étaient revêtus d’une juridiction spirituelle ou divine sur tous les chrétiens, sans en excepter le pape, et qu’on ne pouvait dissoudre, proroger ni transférer un concile général, qu’après la délibération libre de ses membres, suivie de leur consentement. Eugène n’ayant pas moins fulminé sa bulle de dissolution, ils osèrent sommer, réprimander et menacer le rebelle successeur de saint Pierre : [Ils se déclarent contre Eugène IV.]après lui avoir accordé par de longs délais le temps du repentir, ils déclarèrent finalement, que s’il ne se soumettait pas avant le terme fixe de soixante jours, il demeurerait suspendu de toute autorité temporelle et ecclésiastique ; et pour établir leur juridiction sur le prince comme sur le prêtre, ils s’emparèrent de l’administration du gouvernement d’Avignon ; annulèrent l’aliénation du patrimoine sacré, et défendirent de lever à Rome de nouvelles contri-

  1. Les actes originaux ou minutes du concile de Bâle, composent douze volumes in-folio, que l’on conserve dans la bibliothéque publique. Bâle était une ville libre, avantageusement située sur le Rhin, et défendue par la confédération des Suisses ses voisins. Le pape Pie II, qui, sous le nom d’Æneas Sylvius, avait été secrétaire du concile, fonda en 1459 l’Université. Mais qu’est-ce qu’un Concile ou une Université, en comparaison des presses de Froben ou des études d’Érasme ?