Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/450

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Latins pour l’étendue de leur empire spirituel. On exposa les précieux vases de Sainte-Sophie aux dangers de la mer, afin que le patriarche pût officier avec la pompe ordinaire ; et l’empereur employa tout l’or qu’il put rassembler, à décorer son char et son lit d’ornemens massifs[1]. Mais tandis que les Grecs tâchaient de soutenir l’extérieur de leur ancienne magnificence, ils se disputaient le partage des quinze mille ducats que le pape leur avait donnés pour aumône préliminaire. Lorsque tous les préparatifs furent terminés, Paléologue, suivi d’un train nombreux, accompagné de son frère Démétrius et des premiers personnages de l’état et de l’Église, s’embarqua sur huit vaisseaux à voiles et à rames, cingla par le détroit de Gallipoli dans l’Archipel, et passa dans le golfe Adriatique[2].

Son entrée triomphante à Venise. A. D. 1438, 9 février.

Après une longue et fatigante navigation de soixante-dix-sept jours, cette escadre religieuse jeta l’ancre devant Venise, et la réception qui lui fut faite

  1. Syrop. (p. 63) exprime franchement son intention : ιν ο‌υτω ϖομϖαων εν Ιταλοις μεγας βασιλευς παρ εκεινων νομιζοιτο ; et la traduction latine de ce passage par Creyghton, peut donner une idée de ses brillantes paraphrases. Ut pompâ circumductus noster imperator Italiæ, populis aliquis deauratus Jupiter crederetur, aut Cræsus ex opulenta Lydiâ.
  2. Sans m’asservir à citer Syropulus pour chaque fait particulier, j’observerai que la navigation des Grecs, depuis Constantinople jusqu’à Venise et Ferrare, se trouve dans sa quatrième section (p. 67-100), et que cet historien a le rare talent de mettre chaque scène sous les yeux de son lecteur.