Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/466

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inconnus chez les nations qu’ils prétendaient représenter[1], répandirent dans l’Occident la pieuse renommée d’Eugène, et des clameurs adroitement semées accusèrent les schimastiques de la Suisse et de la Savoie d’être les seuls opposans à la parfaite union du monde chrétien. À leur vigoureuse opposition succéda enfin la lassitude d’un effort inutile. Le concile de Bâle fut insensiblement dissous, et Félix, renonçant à la tiare, retourna dans son dévot ou délicieux ermitage de Ripaille[2]. [Paix définitive de l’Église. A. D. 1449.]Des actes mutuels d’oubli et d’indemnités établirent la paix générale : on laissa tomber les projets de réforme : les papes continuèrent à exercer leur despotisme spirituel et à en abuser, et les élections de Rome ne furent troublées depuis par aucune contestation[3].

  1. Les réunions des nestoriens et des jacobites, etc., sont si insignifiantes ou si fabuleuses, que j’ai inutilement feuilleté, pour en trouver des traces, la Bibliothéque orientale d’Assemani, fidèle esclave du Vatican.
  2. Ripaille est situé près Thonon dans la Savoie, au midi du lac de Genève. C’est aujourd’hui une chartreuse ; M. Addison (Voyage d’Italie, vol. II, p. 147, 148, édition de ses Œuvres par Baskerville) a célébré le lieu et son fondateur. Æneas Sylvius et les Pères de Bâle prodiguent des louanges à la vie austère du duc ermite ; mais malheureusement le proverbe italien et le proverbe français font foi de l’opinion généralement répandue de son luxe.
  3. Relativement aux conciles de Bâle, Ferrare et Florence, j’ai consulté les actes originaux qui forment les dix-sept et dix-huitième volumes de l’édition de Venise, et sont terminés par l’histoire claire, mais partiale, d’Au-