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obstacles devaient céder à l’invincible pouvoir de l’épée et de la croix. Après avoir passé le Danube, deux routes différentes pouvaient également les conduire à Constantinople et à l’Hellespont ; l’une, directe, escarpée et difficile, traverse le mont Hœmus ; l’autre, plus longue et plus sûre, conduit par des plaines et le long des côtes de la mer Noire, où ils pouvaient, suivant l’ancienne coutume des Scythes, avoir toujours leurs flancs couverts du mobile rempart de leurs chariots. Ils préférèrent judicieusement cette seconde route. L’armée catholique traversa la Bulgarie, brûlant et saccageant impitoyablement les églises et les villages des chrétiens du pays, et prit son dernier poste à Warna, lieu situé près du bord de la mer, et dont le nom est devenu célèbre par la défaite et la mort de Ladislas[1].

Bataille de Warna. 10 nov. 1444.

Ce fut sur ce terrain funeste qu’au lieu d’apercevoir la flotte qui devait seconder leurs opérations, ils apprirent qu’Amurath, sorti de sa solitude de Magnésie, arrivait avec toutes ses forces d’Asie au secours de ses conquêtes d’Europe. Quelques écrivains pré-

  1. Varnes ou Warna était, sous la dénomination grecque d’Odessus, une colonie de Milésiens, qui fut nommée ainsi en l’honneur d’Ulysse (Cellarius, t. I, p. 374 ; d’Anville, t. I, p. 312). Selon la description de l’Euxin, par Arrien (p. 24, 25, dans le premier vol. des Géographes d’Hudson), elle était située à dix-sept cent quarante stades de l’embouchure du Danube, à deux mille cent quarante de Byzance, et à trois cent soixante au nord du promontoire du mont Hœmus, qui avance dans la mer.