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Mahomet II forme le siége de Constantinople. A. D. 1453, avril 6.

Tandis que Mahomet menaçait la capitale de l’Orient, l’empereur grec implorait par de ferventes prières les secours de la terre et du ciel. Mais les puissances invisibles étaient sourdes à ses supplications, et la chrétienté voyait avec indifférence la chute de Constantinople, qui n’avait d’autre espoir que d’être secourue par la jalousie politique du sultan d’Égypte. Parmi les états qui pouvaient aider Constantinople, les uns se trouvaient trop faibles et les autres trop éloignés : quelques-uns regardaient le danger comme imaginaire, d’autres comme inévitable. Les princes de l’Occident étaient enfoncés dans les interminables querelles qui les divisaient entre eux, et le pontife de Rome était irrité de la fausseté ou de l’obstination des Grecs. Au lieu d’employer en leur faveur les armes et les trésors de l’Italie, Nicolas V avait prédit la destruction de leur état, et son honneur était intéressé à l’accomplissement de cette prophétie. Il fut peut-être ému de compassion lorsqu’il les vit au dernier degré du malheur ; mais sa pitié arriva trop tard ; ses efforts manquèrent d’énergie et n’eurent aucun succès, et Constantinople était au pouvoir des Turcs avant que les escadres de Gênes et de Venise sortissent de leurs ports[1] ; les princes, ceux mêmes de la Mo-

    consternation des Turcs. Mais cet aventureux voyageur ne possède pas l’art d’inspirer la confiance.

  1. Non audivit, indignum ducens, dit l’honnête Antonin ; mais comme l’inquiétude et la honte se firent bientôt sentir à la cour de Rome, Platina dit du ton d’un courtisan plus