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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/100

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ment dissipée, et il n’en subsista aucune trace parmi les peuples du Nord.

Distinction des tribus germaniques.

Jusqu’à présent nous nous sommes bornés aux principaux traits des mœurs de la Germanie, sans essayer de décrire ou de distinguer les différentes tribus que cette contrée renfermait au temps de César, de Tacite et de Ptolémée. Nous parlerons en peu de mots de leur origine, de leur situation et de leur caractère particulier, à mesure qu’elles se présenteront dans la suite de cette histoire. Les nations modernes sont des sociétés fixes et permanentes, liées entre elles par les lois et par le gouvernement ; les arts et l’agriculture les tiennent constamment attachées à leur pays natal. Les tribus germaniques étaient des associations volontaires et mouvantes, composées de soldats, je dirais presque de sauvages. Le même territoire, exposé à un reflux perpétuel de conquêtes et de migrations, changeait plus d’une fois d’habitans dans un court espace de temps. Lorsque plusieurs communautés s’unissaient pour former un plan d’invasion ou de défense, elles donnaient un nouveau titre à leur nouvelle confédération. La dissolution d’une ancienne ligue rendait aux tribus indépendantes les dénominations qui leur étaient propres, et qu’elles avaient oubliées pendant long-temps. Un peuple vaincu adoptait souvent le nom du vainqueur. Quelquefois des flots de volontaires accouraient de tous côtés se ranger sous les étendards d’un chef renommé. Son camp devenait leur patrie ; et bientôt quelque circonstance particulière servait