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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/83

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cite s’est un peu laissé entraîner au noble plaisir d’opposer la vertu des Barbares à la conduite dissolue des femmes romaines : cependant son récit renferme plusieurs circonstances frappantes, qui donnent un air de vérité ou du moins de probabilité à ce qu’il nous rapporte de la chasteté et de la foi conjugale des Germains.

Ses causes probables.

Les progrès de la civilisation ont certainement mis un frein aux passions les plus violentes de la nature humaine ; mais ils semblent avoir été moins favorables à la chasteté, dont le principal ennemi est la mollesse de l’âme. Les raffinemens de la société, en répandant du charme sur le commerce des deux sexes, en altèrent la pureté. La grossière impulsion de l’amour devient plus dangereuse lorsqu’elle s’ennoblit, ou plutôt se déguise, en s’alliant à un sentiment passionné. Les grâces, la politesse, l’élégance des vêtemens, augmentent l’éclat de la beauté, et enflamment les sens par la voie de l’imagination. Ces divertissemens, ces danses, ces spectacles, où les mœurs sont si peu respectées, sont autant de pièges tendus à la fragilité des femmes, et leur présentent une foule d’occasions dangereuses[1]. Parmi

    le village. Ni la richesse ni la beauté ne pouvaient exciter de compassion, ni lui procurer un second mari. (Tacite, Germ., 18, 19.)

  1. Ovide emploie deux cents vers à chercher les endroits les plus favorables à l’amour. Il regarde surtout le théâtre comme le lieu le plus propre à rassembler les