Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/190

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une capitation générale sur le peuple juif ; et quoique chaque individu payât une très-petite somme, l’usage que l’on faisait du produit de cette taxe, et la sévérité avec laquelle elle était levée, parurent une oppression intolérable[1]. Les officiers du fisc soumettant à leurs exactions plusieurs personnes qui n’étaient ni du sang ni de la religion des Juifs, les chrétiens, qui avaient été cachés à l’ombre de la Synagogue, ne purent alors échapper à la sévérité de ces vexations. Évitant avec soin tout ce qui portait le caractère de l’idolâtrie, leur conscience ne leur permettait pas de contribuer à la gloire du démon, que l’on adorait sous le nom de Jupiter-Capitolin. Comme il existait encore, parmi les chrétiens, un parti nombreux, quoique diminuant sans cesse, qui suivait toujours la loi de Moïse, en vain s’efforçaient-ils de déguiser leur origine ; la marque de la circoncision[2] prouvait d’une ma-

    Vie de Domitien, c. 5 ; Plutarque, Vie de Publicola, tom. I, p. 230, édit. Bryan. Il en coûta, seulement pour le dorer, douze mille talens, environ deux millions et demi sterling. Martial prétendait (l. IX, Epigram. 3) que, si l’empereur eût voulu retirer son argent, Jupiter lui-même, quand il aurait mis tout l’Olympe en vente, n’aurait pas été en état de payer deux schellings par livre.

  1. Au sujet du tribut, voy. Dion-Cassius, l. LXVI, p. 1082, avec les notes de Reimar. Spanheim, de Usa numism., t. II, p. 571 ; et Basnage, Hist. des Juifs, l. VII, c. 2.
  2. Suétone (Vie de Domitien, c. 12) avait vu un vieillard de quatre-vingt-dix ans, examiné publiquement devant