Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/25

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ces cérémonies, désormais inutiles, étaient détruites, et ils n’auraient pas souffert que le christianisme restât pendant plusieurs années obscurément confondu parmi les sectes de l’Église juive. Tels furent, à ce qu’il paraît, les argumens employés pour défendre la cause expirante de la loi de Moïse ; mais l’industrieuse érudition de nos théologiens a suffisamment expliqué les termes ambigus de l’ancien Testament, et la conduite équivoque des prédicateurs apostoliques. Il fallait développer par degrés le système de l’Évangile ; il fallait user de la plus grande réserve et des ménagemens les plus délicats, en prononçant une sentence de condamnation si contraire aux inclinations et aux préjugés des Juifs convertis.

Église nazaréenne de Jérusalem.

L’histoire de l’Église de Jérusalem fournit une preuve frappante de la nécessité de ces précautions, et de l’impression profonde que la religion juive avait faite sur l’esprit de ses sectateurs. Les quinze premiers évêques de Jérusalem furent tous des Juifs circoncis ; et la congrégation à laquelle ils présidaient, unissait la loi de Moïse avec la doctrine de Jésus-Christ[1]. La tradition primitive d’une Église fondée quarante jours seulement après la mort du Sauveur, et gouvernée pendant presque autant d’an-

    verit. rel. Christ., l. V, c. 7. Peu après (c. 12), il s’étend sur la condescendance des apôtres.

  1. Pœnè omnes Christum Deum sub legis observatione credebant. Sulpice-Sévère, II, 31. Voyez Eusèbe, Histoire ecclésiastique, t. IV, c. 5.