Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/325

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valeur. Cependant, comme on ne peut attribuer l’accroissement de Constantinople à l’augmentation générale du genre humain ou à celle de l’industrie, il faut bien que cette colonie se soit élevée et enrichie aux dépens des autres villes de l’empire. Il est probable que l’empereur invita un grand nombre des riches sénateurs de Rome et des provinces orientales à venir habiter l’endroit fortuné qu’il avait choisi pour en faire sa propre résidence. Les invitations d’un maître ressemblent beaucoup à des ordres, et l’empereur y ajoutait des libéralités qui obtenaient une obéissance prompte et volontaire. Il fit présent à ses favoris des palais qu’il avait fait bâtir dans les différens quartiers de la ville ; il leur donna des terres et des pensions pour soutenir leur rang[1] ; et il aliéna les domaines du Pont et de l’Asie, pour leur assurer des fortunes héréditaires, sous la condition peu onéreuse de tenir une maison dans la capitale[2]. Ces encouragemens et ces récompenses devinrent bientôt

  1. Themist., Orat. III, p. 48, éd. Hardouin ; Sozomène, l. II, c. 3 ; Zosime, l. II, p. 107 ; Anonyme, Valesian., p. 715. Si on peut ajouter foi à Codinus (p. 10), Constantin bâtit des maisons pour les sénateurs, exactement sur le modèle de leurs palais de Rome ; et il leur ménagea ainsi le plaisir d’une surprise agréable ; mais son récit est plein de fictions et d’incohérences.
  2. La loi par laquelle Théodose le jeune abolit, en 438, cette espèce de redevance, se trouve parmi les Novelles de cet empereur, à la fin du Code Théodosien, t. VI, Nov. 12. M. de Tillemont (Hist. des Empereurs, t. IV, p. 371) s’est évidemment mépris sur la nature de ces domaines : on