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tif, n’étaient plus d’aucune utilité, et leur nom ne servait guère qu’à indiquer la date de l’année où ils s’étaient assis sur le siége des Marius et des Cicéron. On conserva cependant jusque dans les derniers temps de la servitude romaine un grand respect pour ce nom sans autorité. Il flattait encore autant, et peut-être plus la vanité, qu’un autre titre avec plus de pouvoir : celui de consul fut constamment le principal objet de l’ambition et la récompense la plus estimée de la fidélité et de la vertu. Les empereurs eux-mêmes, qui méprisaient l’ombre illusoire de la république, croyaient ajouter à leur majesté et à la vénération du peuple, toutes les fois qu’ils se faisaient revêtir des honneurs annuels du consulat[1].

Les patriciens.

La distinction la plus orgueilleuse et la plus complète qui ait jamais existé chez une nation entre la noblesse et le peuple, est sans doute celle des patriciens et des plébéiens, telle qu’elle fut établie dans les premiers temps de la république. Les richesses et les honneurs, les dignités de l’état et les cérémonies de la religion, étaient presque exclusivement entre les mains des premiers, qui, conservant avec

  1. In consulatu honos sine labore suscipitur (Mamertin, in Panegyr. Vet. XI, 2). Cette brillante idée du consulat est tirée d’un discours (3, p. 107) prononcé par Julien dans la cour servile de Constance. Voyez l’abbé de La Bléterie (Mém. de l’Acad. des inscript., t. XXIV, page 289), qui se plaît à suivre les traces de l’ancienne constitution, et qui les trouve quelquefois dans sa fertile imagination.