Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Messala fut décoré le premier du titre de préfet de Rome, afin que la réputation dont il jouissait diminuât ce que ses fonctions avaient d’odieux. Mais ce citoyen distingué[1] ne les exerça que peu de jours ; et il déclara en quittant sa place, comme il convenait à l’ami de Brutus, qu’on ne lui ferait jamais accepter une autorité incompatible avec la liberté publique[2]. À mesure que le sentiment de cette liberté s’éteignit, on sentit mieux les avantages de l’ordre, et le préfet qui avait semblé d’abord n’être destiné qu’à contenir par la crainte les esclaves et les gens sans aveu, fut autorisé à étendre sa juridic-

    expose les prérogatives du préfet de la ville telles qu’elles subsistaient de son temps.

  1. Le mérite de Messala était encore au-dessus de sa réputation. Dans sa première jeunesse il fut recommandé par Cicéron à l’amitié de Brutus. Il suivit l’étendard de la république jusqu’à sa destruction aux champs de Philippes. Il accepta ensuite, et mérita la faveur du plus modéré des conquérans, et dans la cour d’Auguste il montra toujours la noblesse de son caractère et son amour de la liberté. Son triomphe fut justifié par la conquête de l’Aquitaine. En qualité d’orateur, il disputa la palme de l’éloquence à Cicéron lui-même. Il cultiva les Muses, et fut le protecteur de tous les hommes de génie. Il passait ses soirées à converser philosophiquement avec Horace ; à table, il se plaçait entre Délie et Tibulle, et il amusait ses loisirs en encourageant les talens poétiques du jeune Ovide.
  2. Incivilem esse potestatem contestans, dit le traducteur d’Eusèbe. Tacite exprime d’une autre manière la même idée : Quasi nescius exercendi.