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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/44

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les images des dieux et les instrumens sacrés de leur culte, nous voyons que les maisons, les habits et les meubles des païens devaient leurs plus riches ornemens aux formes élégantes et aux fictions agréables consacrées par l’imagination des Grecs[1]. C’était aussi dans cette origine impure qu’avaient pris naissance la musique, la peinture, l’éloquence et la poésie. Dans le langage des pères de l’Église, Apollon et les Muses sont les organes de l’esprit infernal : Homère et Virgile en sont les principaux ministres ; et cette mythologie brillante qui remplit, qui anime les productions de leur génie, est destinée à célébrer la gloire des démons. La langue même de la Grèce et celle de Rome abondaient en expressions familières, mais impies, que le chrétien imprudent courait le risque de prononcer trop légèrement ou d’entendre avec trop de patience[2].

Fêtes.

Les tentations dangereuses, qui se tenaient de tous côtés en embuscade pour surprendre le fidèle, l’attaquaient les jours de fêtes publiques avec une violence redoublée. Ces institutions augustes avaient été disposées et arrangées, dans l’année, avec tant

  1. Voyez partout l’Antiquité de Montfaucon. Le revers même des monnaies grecques et romaines tenait souvent à l’idolâtrie. Ici, il est vrai, les scrupules des chrétiens étaient balancés par une passion plus forte.
  2. Tertullien, De idololatriâ, c. 20, 21, 22. Si un ami païen (peut-être lorsqu’on éternuait) se servait de l’expression familière : Jupiter vous bénisse, le chrétien était obligé de protester contre la divinité de Jupiter.