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une juste et sévère vengeance. Mais ses légions furent plus séduites qu’irritées par l’exemple de la rebellion ; leur commandant manqua bientôt ou de fermeté ou de fidélité, et son ambition s’autorisa de l’approbation de la princesse Constantina. Cette femme ambitieuse et cruelle, qui avait obtenu de Constantin-le-Grand, son père, le titre d’Augusta, plaça de ses propres mains le diadème sur la tête du général d’Illyrie, et semblait attendre de sa victoire l’accomplissement des espérances désordonnées qu’elle avait perdues par la mort d’Annibalianus son époux. Mais ce fut peut-être sans l’aveu de Constantina que le nouvel empereur fit une alliance honteuse, quoique nécessaire, avec l’usurpateur de l’Occident, dont la pourpre avait été teinte si récemment du sang de son frère[1].

Constance refuse de traiter. A. D. 350.

Des événemens de cette importance, et qui menaçaient si sérieusement l’honneur et la sûreté de la maison impériale, rappelèrent les armes de Constance de la guerre de Perse, où elles avaient perdu beaucoup de leur réputation. Laissant à ses lieutenans le soin des provinces orientales, qu’il confia bientôt après à son cousin Gallus, qu’il fit passer de la prison sur le trône, il marcha vers l’Europe, agité par la crainte et par l’espérance, par la douleur et par l’indignation. Arrivé à Héraclée en Thrace, il

  1. La conduite incertaine et variable de Vétranio est racontée par Julien dans son premier discours, et exposée avec exactitude par Spanheim, qui discute la position et la conduite de Constantina.