Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/74

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qu’assaillis de tous côtés par les démons, ils étaient sans cesse rassurés par les visions célestes, instruits par les prophéties, et miraculeusement délivrés des dangers, des maladies, de la mort même, par les supplications de l’Église. Les prodiges réels ou imaginaires dont ils se croyaient si souvent les objets, les instrumens ou les spectateurs, les disposaient fort heureusement à recevoir avec la même facilité, mais avec bien plus de raison, les merveilles authentiques de l’Évangile : ainsi, des miracles qui n’excédaient pas la mesure de leur expérience, ne leur permettaient pas de douter de la vérité de ces mystères, qui, de leur propre aveu, surpassaient les limites de leur entendement. C’est cette conviction intime des vérités surnaturelles, que l’on a tant célébrée sous le nom de foi : l’heureux état d’une âme sur laquelle elles avaient fait une impression profonde, paraissait le gage le plus assuré de la faveur divine et de la félicité future, et on le recommandait comme le premier et peut-être comme le seul mérite d’un chrétien. Selon les docteurs les plus rigides, les vertus morales qui peuvent être également pratiquées par les infidèles, ne sont d’aucune valeur ni d’aucune efficacité dans l’œuvre de notre justification.

Quatrième cause. Vertus des premiers chrétiens.

IV. Mais dans les premiers siècles de l’Église, le chrétien démontrait sa foi par ses vertus ; et l’on avait raison de supposer que la persuasion divine, dont l’effet est d’éclairer ou de subjuguer l’intelligence, doit en même temps purifier le cœur du