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sonnaient cependant d’après l’analogie établie entre un père et son fils. La qualité de fils semblait nécessiter une soumission perpétuelle envers l’auteur volontaire de son existence[1]. Mais comme l’acte de la génération est supposé, dans le sens le plus métaphysique et le plus abstrait, transmettre tous les avantages d’une nature égale[2], ils n’osaient point fixer des bornes au pouvoir ou à l’existence du fils d’un père éternel et tout-puissant. Les chrétiens de Bithynie déclarèrent devant le tribunal de Pline, quatre-vingts ans après la mort de Jésus-Christ, qu’ils l’invoquaient comme un Dieu ; et les différentes sectes qui prennent la dénomination de ses disciples[3], ont perpétué ses honneurs divins dans tous les siècles et

    matérielle de la génération divine. Voyez Beausobre, t. I, l. III, c. 7, p. 548.

  1. Plusieurs des premiers écrivains ont avoué franchement que le fils devait son existence à la volonté du père. (Voyez Clarke, Trinité de l’Écriture, p. 280-287.) D’un autre côté, saint Athanase et ses disciples ne semblent point disposés à accorder ce qu’ils craignent de nier. Les théologiens se tirent de cette difficulté par la distinction de deux volontés, l’une précédente et l’autre concomitante. (Pétau, Dogm. theolog., t. II, l. VI, c. 8, p. 587-603.)
  2. Voy. Pétau, Dogm. theolog., t. II, l. II, c. 10, p. 159.
  3. Carmenque Christo, quasi Deo dicere secum invicem. Plin., Epist. X, 97. Le sens de Deus, Θεος, Elohim dans les langues plus anciennes, est soigneusement examiné par Le Clerc (Ars critica, p. 150-156) ; et le socinien Emlyn soutient avec force la pratique d’adorer une créature douée de toute excellence. Voyez son Traité, p. 29-36, 51-145.