Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/495

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Marcus fut le premier qu’ils placèrent sur le trône comme légitime empereur de la Bretagne et de l’Occident. Les soldats violèrent bientôt, en lui donnant la mort, le serment de fidélité qu’ils s’étaient imposé volontairement, et la censure qu’ils ont faite de ses mœurs semblerait attacher à sa mémoire un témoignage qui l’honore. Gratien fut le second qu’ils décorèrent de la pourpre et du diadème ; et quatre mois après, Gratien éprouva le sort de son prédécesseur. Le souvenir du grand Constantin, que les légions de la Bretagne avaient donné à l’Église et à l’empire, leur suggéra le bizarre motif de la troisième élection. [Constantin est reconnu en Bretagne et dans la Gaule. A. D. 407.]Elles découvrirent dans leurs rangs un simple soldat qui portait le nom de Constantin, et leur impatiente légèreté l’avait placé sur le trône avant d’apercevoir son incapacité à soutenir la gloire d’un si beau nom[1]. Cependant Constantin eut une autorité moins précaire et plus de succès que ses deux prédécesseurs. Les exemples récens de l’élévation et de la chute de Marcus et de Gratien, lui firent sentir le danger de laisser ses soldats dans l’inaction d’un camp deux fois souillé de sang et troublé par la sé-

    dore (apud Photium, p. 180, 181) ; les historiens ecclésiastiques et les Chroniques. Les Latins ne parlent point de Marcus.

  1. Cùm in Constantino inconstantiam… execrarentur. (Sidonius Apollinaris, l. V, epist. 9, p. 139, edit. secund. Sirmond.) Cependant Sidonius a pu être tenté de saisir l’occasion de ce jeu de mots pour noircir un prince qui avait dégradé son grand-père.