Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/512

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obscur de tribun des notaires. La haine d’Olympius attaqua jusqu’aux sentimens religieux de son rival ; et le clergé, en célébrant dévotement le jour heureux qui en avait délivré presque miraculeusement l’Église, assura que si Euchérius eût régné, le premier acte de sa puissance aurait été de rétablir le culte des idoles et de renouveler les persécutions contre les chrétiens. Le fils de Stilichon avait cependant été élevé dans le sein du christianisme, que son père avait toujours professé et soutenu avec zèle[1]. Le magnifique collier de Sérène venait de la déesse Vesta[2], et les païens abhorraient la mémoire d’un ministre sacrilège, qui avait livré aux flammes les livres prophétiques de la sibylle, regardés comme les oracles de Rome[3]. La puissance et l’orgueil

  1. Saint Augustin lui-même est satisfait des lois promulguées par Stilichon contre les hérétiques et les idolâtres, lesquelles existent encore dans le Code. Il s’adresse à Olympius, seulement pour en obtenir la confirmation. (Baronius, Annal. ecclés., A. D. 408, no 19.)
  2. Zosime, l. V, p. 351. Nous pouvons observer, comme une preuve du mauvais goût de ce siècle, la bizarre magnificence avec laquelle on décorait alors les statues.
  3. Voyez Rutilius Numatianus (Itiner., l. II, p. 41-60), à qui l’enthousiasme religieux avait dicté quelques vers élégans et expressifs. Stilichon dépouilla aussi les portes du Capitole des lames d’or dont elles étaient ornées, et lut une sentence prophétique gravée à la place qu’elles recouvraient (Zosime, l. V, p. 352). Ces histoires sont ridicules ; cependant l’accusation d’impiété, portée par Zosime, donne du poids à l’éloge qu’il accorde ensuite à regret aux vertus de ce ministre.