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prix inestimable à ses services. Comparons cette scène avec les champs de Cannes, et jugeons entre Annibal et le successeur de saint Cyprien[1].

Avitus empereur. A. D. 455. 10 juillet.

La mort d’Ætius et de Valentinien avait relâché les liens qui contenaient les Barbares de la Gaule. Les Saxons infestaient la côte maritime ; les Allemands et les Francs s’avançaient des bords du Rhin sur ceux de la Seine ; et l’ambition des Goths semblait méditer des conquêtes plus solides et plus étendues. Maxime s’était débarrassé, par un choix judicieux, du soin de veiller sur ces pays éloignés. Fermant l’oreille aux sollicitations de ses amis, il avait écouté la voix publique, et avait élevé un étranger au commandement général des forces de la Gaule. Avitus[2], dont le mérite fut si glorieusement récompensé, descendait d’une famille riche et honorable du diocèse d’Auvergne. Il s’était distingué par son zèle dans les postes civils et militaires, où les troubles des temps l’avaient successivement placé ; et son activité infatigable mêlait l’étude de la littéra-

  1. On trouve la mort de Maxime et le sac de Rome par les Vandales attestés par Sidonius, Paneg. Avit., 441-450 ; Procope, De bell. Vandal., l. I, c. 4, 5, p. 188, 189 ; et l. II, c. 5, p. 255 ; Evagrius, l. II, c. 7 ; Jornandès, De reb. getic., c. 45, p. 677 ; et dans les Chroniques d’Idatius, Prosper, Marcellin et Théophane sous l’année à laquelle elle appartient.
  2. On est réduit à tirer l’histoire de la vie privée et de l’élévation d’Avitus, du panégyrique prononcé par Sidonius Apollinaris, son sujet et son gendre, qu’on ne doit suivre qu’avec circonspection.