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trimoine[1], abandonna très-jeune sa famille et son pays, et exécuta sa pénitence monastique avec toute l’intrépidité et la singularité du fanatisme. Après un noviciat long et pénible au milieu des tombeaux et dans les ruines d’une tour, il s’avança hardiment à trois journées dans le désert, à l’orient du Nil, découvrit un endroit solitaire, ombragé d’arbres et arrosé par un ruisseau, et fixa sa dernière résidence sur le mont Colzim, aux environs de la mer Rouge, où un ancien monastère conserve encore le nom et la mémoire de saint Antoine[2]. La dévotion et la curiosité des chrétiens le poursuivirent dans le désert[3], et lorsque le saint fut obligé

    a été adoptée par un grand nombre d’auteurs anciens et modernes ; mais Tillemont (Mém. ecclés., t. VII, p. 666) démontre, par quelques argumens plausibles, que saint Antoine savait lire et écrire dans sa propre langue (le cophte) ; mais qu’il était seulement étranger aux lettres grecques. Le philosophe Synèse (p. 51) avoue que l’esprit naturel de saint Antoine n’avait pas besoin du secours de l’étude.

  1. Aruræ autem erant ei trecentæ uberes et valde optimæ (vit. Patr., l. I, p. 36). Si l’arura est une mesure carrée de cent coudées d’Égypte (Rosweyde, Onomasticon, ad vit. Patrum, p. 1014, 1015), et que la coudée égyptienne de tous les temps soit égale à vingt-deux pouces anglais (Greaves, vol. I, p. 233), l’arura fera à peu près les deux tiers d’une acre anglaise.
  2. Saint Jérôme (t. I, p. 248, 249, in vit. Hil.) et le père Sicard (Missions du Levant, t. V, p. 122-200) donnent la description du monastère. Leurs récits ne peuvent pas toujours s’accorder. Saint Jérôme peignait d’après son imagination, et le jésuite d’après ce qu’il avait vu.
  3. Les persécutions de Dioclétien contribuèrent beau-