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des blocs de marbre chargés d’inscriptions, monumens de leur pénitence[1]. La perfection des ermites consistait à passer plusieurs jours sans nourriture, plusieurs nuits sans sommeil, et à garder le silence durant plusieurs années ; et une gloire certaine attendait l’ermite (s’il est permis d’abuser ainsi de ce nom) dont l’imagination avait pu inventer une habitation construite de telle sorte qu’il s’y trouvât dans la posture la plus gênante et exposé aux intempéries de l’air.

Saint Siméon Stylite. A. D. 395-451.

Parmi les héros de la vie monastique, S. Siméon Stylite a immortalisé son nom par la singularité de sa pénitence aérienne[2]. À l’âge de treize ans, le jeune pâtre de Syrie quitta son métier et se renferma dans un monastère d’une règle très-austère. Après un noviciat long et pénible, pendant lequel on eut plusieurs fois à empêcher le zèle religieux du jeune Siméon de se porter jusqu’au suicide, il établit sa résidence sur une montagne, à trente ou quarante mille à l’orient d’Antioche. Dans l’enceinte d’une mandra ou cercle de pierres où il s’attacha lui-même avec une chaîne pesante, Siméon monta sur une colonne qui fut suc-

  1. Le père Sicard (Missions du Levant, t. II, p. 217-233) a examiné les cavernes de la Basse-Thébaïde avec autant de surprise que de dévotion. Les inscriptions sont en caractères syriaques, dont faisaient usage les chrétiens de l’Abyssinie.
  2. Voy. Théodoret, in vit. Patrum, l. IX, p. 848-854 ; saint Antoine, in vit. Patr., l. I, p. 170-177 ; Cosmas, in Assem. Bibl. orient., l. I, p. 239-253 ; Evagrius, l. I, c. 13, 14 ; et Tillemont, Mém. ecclés., t. XV, p. 347-392.